😃 The “Capital V” vs The “Small V”, Livestorm, Yubo, Believe...#17
Hello les Insiders !
C’est la newsletter #17 😊
La dernière NL a encore bien fonctionné et le sujet, qui parlait de l’exit, a généré pas mal de commentaires sur le feed Linkedin.
Voici quelques metrics sur la dernière NL #16 :
Cette fois-ci je vais me faire plaisir et je vais parler des non-startups 🤟.
Ou plutôt de comment mieux les servir et envisager une nouvelle classe d’investissement qui pourrait leur correspondre. La classe d’investissement VC n’étant pas calibrée pour leur besoin. Un débat super excitant, qui va générer j’en suis sûr pas mal de commentaires. 🗣️
Ce qui a passionné les VCs ces derniers jours 👐
Alex Dunsdon - SAATCHiNVEST
Aujourd’hui je vais vous parler d’un article qui parle d’un sujet essentiel, l’accès à l’investissement aux entreprises non VC-compatible.
Un sujet qui me touche beaucoup, car au quotidien je coache et évalue des entreprises qui souhaitent travailler avec des VCs (avoir leur argent) et pourtant la plupart n’ont pas les attributs nécessaires, car c’est rare à avoir. La plupart aussi ne souhaitent pas vraiment les acquérir, ni même assumer les responsabilités et conséquences que cela engendre, lorsqu’ils ont compris de quoi on parlait.
Cet article ne m’a pas été partagé par un de mes amis VC, je l’ai sourcé moi-même auprès d’un VC londonien atypique, Alex Dunsdon. Un VC que j’espère rencontrer lors de mon prochain séjour à Londres 🇬🇧 💂 😊.
Alex est VC chez SAATCHiNVEST, le fonds associé à la prestigieuse agence anglaise de pub Saatchi. On appelle ça dans le milieu un CVC, c’est-à-dire un hybride entre un fonds “corporate” et l’indépendance stratégique d’un VC.
Alex a un regard particulier sur l’entrepreneuriat et l’investissement, avec beaucoup d’empathie pour les entrepreneurs, même non VC-compatible.
Ainsi Alex propose souvent des réflexions sur les non-startups, les entreprises “non-hyper-croissantes”, que je nomme les bootstraps, celles qui ne peuvent pas travailler avec les VCs :
Alex pose le problème ainsi :
I’d love more acceptance that founders can have great outcomes, and often a better life, with early stage capital that accepts fast (but slower) growth and big (not insane) outcomes.
Mais y a-t-il une place pour ce genre de “startup” dans notre écosystème ? Des startups moins performante que les top-gun startups ? Des entreprises qui pourraient bénéficier d’un investissement très tôt dans leur cycle de vie, sans pour autant viser aussi haut que leurs confrères ? Sans essayer de mettre en place un moteur d’hyper-croissance et assumer les conséquences d’une telle stratégie ? 🤔
D’après Alex, 99 % des entreprises qui se nomment “startup”, sont en fait dans cette catégorie. Elles ne visent pas l’hyper-croissance, elles ne sont pas prêtes à faire les sacrifices que requiert le VC-game. Mais comment nommer cette catégorie ? Comment nommer aussi les fonds qui jouent dans cette catégorie ? Existent-ils ?
Dans ma série de vidéos VC-game Inside je les nomme “bootstrap”. Un terme que m’a suggéré Pierre Martini de chez ISAI. Un terme qui est déjà bien suffisant, mais il est vrai qu’il nomme les entreprises qui ne prennent pas de fonds en early-stage, qui se financent grâce à l’argent de leur client. Il n’est donc pas encore le bon, quoiqu’au regard de la maturité de l’écosystème, il pose de bonnes bases. Il décrit les autres entreprises qui ne sont pas des startups. Mais dans ces bootstraps il faut créer une sous-catégorie, c’est certain.
Alex nomme cette catégorie les startups “small-V” :
These founders need venture money (ie people prepared to invest at an early stage) but will likely never build – and may not truly desire — the life that comes with a billion dollar outcome.
Car c’est une réalité. Lorsque je challenge en coaching les entrepreneurs sur les conséquences et sacrifices que demandent la ligue VC-startup, de nombreux entrepreneurs n’en veulent pas, et c’est bien normal 😧 .
Rappel du modèle VC - The “Capital V”
Prenons l’exemple d’un investisseur en capital-risque qui dispose de €100M. Son objectif est de multiplier par 3 le fonds en une décennie. En d'autres termes, au bout de 10 ans, le VC dit “merci chère investisseurs pour les €100M que vous m’avez confié, voici €300M en retour. Au plaisir de refaire des affaires avec vous”.
Le fonds VC a un portefeuille de 20 entreprises et dans lesquelles il a investi les €100M.
Au moment de l’exit, le fonds VC détient en moyenne 10 % dans chaque entreprise (car dilution suite aux tours précédents).
Donc pour transformer €100M en €300M, l'ensemble du portefeuille doit valoir €3Mds.
Soit 20 entreprises X 10% de propriété X 3Mds € = €300M retournés aux investisseurs.
En général les rendements du fonds proviennent de seulement 1 à 3 entreprises. Le reste n'a pas vraiment d'importance et c'est pourquoi la chasse à la “licorne” est une telle obsession 🦄 .
Donc un VC doit espérer avoir dans son portfolio au moins 3 startups à plus de €1Md de sorties, donc une mission quasiment impossible au regard de l’historique des sorties en France et en Europe.
Il faut aussi prendre en compte que pour arriver à une valo de plus de €1Md, il faut aligner les tours d’investissements, au moins lever un total de €150M, voire beaucoup plus. On ne peut pas y arriver avec seulement le capital injecteé par des BAs lors d’un premier tour. Avec €1M levé, vous n’y arriverez pas. Pour comprendre cela, regardez la sortie de Segment, et les sommes investies par les différents VCs (ou relire la newsletter #16) :
Au-delà de la réalité du modèle économique du VC et des tours successifs à réaliser, il y a d’autres points à prendre en compte :
Il est encore très improbable que vous soyez un "fund-returner" valant plus d'un milliard d’euros.
Vous serez désaligné avec votre VC si vous sortez du '“chemin VC”, c'est-à-dire une croissance ultra-rapide. Donc de potentielle friction avec eux.
Vous aurez perdu tout contrôle et toute option entre-temps.
Alex nous montre aussi les conséquences négatives induites par le VC-game, qui montrent bien que l’accès au capital des VCs n’est pas une assurance au succès. De nombreuses raisons font que la startup peut mourir en chemin :
Les entreprises se développent rapidement… mais pas assez rapidement ☠️
Les fondateurs sont heureux de vendre personnellement entre 5 et 15 millions d’euros, mais ils sont bloqués ☠️
Les entreprises grossissent trop prématurément ☠️
Les valorisations explosent et ne sont pas corrélées avec des fondamentaux business ☠️
Avec tout cela, est-ce que vous trouvez encore sexy le fait de monter une entreprise VC-compatible ? Les médias, la Frenchtech, les institutions locales et les acteurs du développement économique ne regardent que le côté sexy de l’équation, l’argent levé, mais en oublient la partie la plus importante. On ne peut pas pousser tous les entrepreneurs qui développent des logiciels a se battre pour entrer dans le VC-game, et donc devenir des startups (hyper-croissance).
Alex pousse les entrepreneurs de se poser les questions suivantes avant de considérer une levée de fonds (avec des VCs) :
Êtes-vous OK avec la croissance à TOUT prix ? Et les conséquences pour vous-même ?
Voulez-vous renoncer à tout contrôle de votre entreprise ?
Êtes-vous satisfait d'un résultat personnel de €5M ou vous voulez aller au-delà de €100M ?
Avez-vous un modèle et une taille de marché qui correspondent à ce que veulent les VCs les plus connus, comme Balderton, Index et Accel ?
Un autre modèle - The “Small V”
Peut-on investir dans des entreprises en early-stage si les entreprises ne sont pas des startups, des entreprises qui visent l’hyper croissance ?
Pour l’instant, au moins en France, ce genre de fonds n’existe pas, même si certains fonds “evergreen” peuvent se permettre ce genre d’investissement (Evolem, Crédit Mutuelle Innovation, Kima…).
Voici à quoi pourrait ressembler un fonds VC en mode “Small V” :
Créer un modèle économique qui pourrait fonctionner avec des entreprises qui pourraient sortir avec des montants inférieurs à €100M. Des sorties qui sont d’ailleurs plus faciles à réaliser, car au-delà de €100M les options se font rare, peu d’acquéreurs, donc plus de risque d’échec à la sortie.
Avoir un taux de mortalité inférieur à un portfolio de VC “Capital V”.
Que les entreprises ne fassent qu’un seul tour d’investissement, voire deux maximums, mais pas plus de €5M levés, et après cela arriver rapidement à la rentabilité, pour financer le reste de la croissance grâce à l’argent de ses clients.
La performance pour un VC “Small V” doit être la même que pour un VC “Capital V”, donc 11 % par an, soit x3 l’argent investi, sur une période équivalente de 10 ans. Il faut que l’incentive économique pour le LP soit la même, sinon il sera difficile de le convaincre 😉 .
Au moment de l’exit, le VC “Small V” doit lui détenir 50%, et non 10%.
Voici à quoi devraient ressembler ce nouveau VC et la construction de son portfolio :
Partons d’un VC “Small V” qui doit investir €100M, dans le même nombre de startup, soit une vingtaine.
Au moment de l’exit, le VC “Small V” doit lui détenir 50%, et non 10%.
Donc pour transformer €100M en €300M, l'ensemble du porte-feuille doit valoir €600M.
Soit 20 entreprises X 50% de propriété X 600 millions € = €300 millions retournés aux investisseurs.
Partons du même principe que 1/3 des startups du portfolio puissent faire une exit (les autres ☠️).
Donc un VC doit espérer avoir dans son portfolio au moins 7 startups qui doivent réaliser pas loin de €100 millions de sorties.
Par contre il doit y avoir un alignement absolu entre les entrepreneurs et le VC “Small V”. L’entrepreneur doit faire bon usage des €5M maximum qu’il pourra lever avec eux. “Bon usage” voulant dire atteindre la rentabilité rapidement avec cet investissement et continuer à croître tout de même assez fortement pour être séduisant pour un potentiel acquéreur.
C’est une vraie école de pensée qui doit se mettre en place et un nouveau “playbook” aussi. Une toute nouvelle catégorie d’entrepreneuriat et d’investissement.
Pourquoi est-ce important de faire émerger cette nouvelle catégorie ?
Parce qu’on pourrait investir dans les autres types d’entreprises que sont les 99%, qui ont aussi la capacité de générer un bon retour sur investissement, mais pas sur le modèle classique d’un VC “Capital V”.
On pourrait aussi pourvoir les grandes entreprises européennes de potentielles acquisitions stratégiques au montant que ces grandes entreprises européennes sont capables de déployer. Une licorne est difficilement “achetable” par un acteur européen, c’est souvent les USA qui sont capables de se les offrir. Donc cela évitera que nos pépites françaises soient condamnées à devenir des actifs américains 🇺🇸. Elles pourront rester sur le territoire européen 🇪🇺.
Les fondateurs d’une startup en mode “Small V” pourront, suite à l’exit, potentiellement viser plus gros, et donc remonter une startup en mode “Capital V”. Ces fondateurs pourront aussi coacher les prochains entrepreneurs pour monter des startups “Small V”, leur transférer leur savoir-faire et faire exploser cette nouvelle catégorie 💥.
Les investissements VCs qui ont marqué ces derniers jours 💸
Livestorm 🇫🇷 a bouclé un tour en Series B de €25M, avec Aglaé Ventures, BPI Digital Ventures, Idinvest et RAISE Ventures.
Yubo 🇫🇷 à bouclé une series C de €47,5M, avec Gaia Capital, Iris Capital (Gil Doukhan), Idinvest Partners (Nicolas Debock), Alven Capital et Sweet Capital.
Tier 🇩🇪 a levé $250M avec SoftBank Vision Fund.
Udemy 🇺🇸 vient de faire un nouveau tour à $100M pour une valo de $3,3Mds.
Strava 🇺🇸 a levé $110M pour sa series F, avec TCV, Sequoia Capital, Dragoneer, Madrone Capital Partners, Jackson Square Ventures et Go4it Capital.
Harbr 🇬🇧 a levé $38,5M en series A, avec Dawn Capital, Tiger Global Management, Mike Chalfen, Boldstart Ventures, Crane Venture Partners, Backed et Seedcamp.
Cooper 🇳🇱 a levé $2 M en seed, avec Comcast Ventures, LocalGlobe et 468 Capital.
SellerX 🇩🇪 a levé €100M avec Cherry Ventures, Felix Capital et TriplePoint Capital, Village Global, Chris North (ancien PDG d'Amazon UK) et les fondateurs de KW Commerce.
Les dernières sorties (EXIT) 💵
Believe 🇫🇷 un label de musique 2.0, qui a signé Jul à ses débuts 🙌, prépare une introduction en bourse pour 2021, qui pourrait la valoriser à environ €2Mds. Les fonds qui vont profiter de cette belle IPO par une belle entreprise française sont : XAnge 🇫🇷 , Ventech 🇫🇷 , GP Bullhound et TCV.
DoorDash 🇺🇸 a déposé son introduction en bourse. DoorDash fait état d'une perte nette de $149M sur $1,9Mds de revenus pour les neuf premiers mois de 2020, contre une perte nette de $533M sur $587M de revenus pour la période de l'année précédente. Il a généré un bénéfice de $23M au deuxième trimestre. Le total des commandes est passé de 181 millions à 543 millions, alors qu'il y a plus de 390 000 marchands et un million de «Dashers» sur sa plateforme. DoorDash a 1,6 milliard de dollars de trésorerie sur son bilan au 30 septembre. DoorDash avait levé près de $3Mds en financement de capital-risque, le plus récemment à une évaluation post-monétaire de $16Mds. Les actionnaires comprennent : SoftBank Vision Fund (participation de 24,9% avant l'introduction en bourse), Sequoia Capital (20,4%) et GIC (10,5%). Le PDG Tony Xu détient 41,6% des actions. SoftBank Vision Fund a investi au moins $680M.
Autodesk a acquis Spacemaker 🇳🇴, un fournisseur norvégien de logiciels de conception d'IA pour les architectes et les promoteurs immobiliers, pour $240M en cash et en actions. Spacermaker a récemment levé $20M en series A, avec Atomico et Northzone Ventures.
Robinhood 🇺🇸, l'application américiaine de trading sans frais, évaluée par les VC à $11,7Mds, prévoit une introduction en bourse au premier trimestre 2021.
Roblox 🇺🇸, une plate-forme de jeu social pour préadolescents et adolescents, a déposé une offre publique initiale d'un milliard de dollars. Roblox rapporte 31,1 millions d'utilisateurs actifs quotidiens moyens pour la période de neuf mois se terminant en septembre, en hausse de 82% par rapport à la période de l'année précédente. Roblox rapporte $206M de pertes sur $589M de revenus pour les neuf premiers mois de 2020, contre $46M de pertes sur $350 M pour la même période en 2019. Roblox a levé un total de $335M de financement en capital-risque avec Altos Ventures, First Round Capital, Meritech Capital Partners, Andreessen Horowitz et Index Ventures.
Wish 🇺🇸 a déposé une demande d'introduction en bourse d'un milliard de dollars. Il rapporte une perte nette de $176M sur $1,7Mds de revenus pour les neuf premiers mois de 2020. La société a été récemment évaluée par des investisseurs à $11,2Mds, et a levé $1,8Mds auprès de VCs tel que DST Global, Founders Fund, Formation8, General Atlantic et GGV Capital.
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