La startup française la plus prometteuse : Memo Bank 🏦
Les Fondations Solides de Memo Bank : Pourquoi Cette Startup Mérite Votre Attention
Memo Bank est une startup extraordinaire sous le radar et pourtant la plus prometteuse de toutes.
Jean-Daniel Guyot le CEO de Memo Bank est l’antithèse d’un fondateur du type McKinsey qui a le bagou de vous embarquer dans une histoire fabuleuse que vous ne comprenez qu’à moitié, mais qui a l’air super sexy. Il est factuel, technique et sans bullshit, on peut lui faire confiance.
Sauf que c’est difficile d’“hyper” un projet comme Memo Bank, on ne peut pas raconter ce projet avec des éléments de langages facilement compréhensibles ou faire des références à des systèmes bien compris par les VCs.
C’est peut-être ce qui explique qu’ils n’ont levé que €43M, versus les €700M levé par Qonto (c’est plus facile à comprendre).
Jean de La Rochebrochard fait remarquer souvent dans ses interviews que Jean-Daniel Guyot a eu besoin de lui pour pitcher Capitain Train, car il n’arrivait pas à convaincre les VCs de la puissance du projet.
Est-ce que Jean-Daniel est un mauvais pitcher ? Je ne pense pas, mais comme il est technique et sans BS, il ne touche pas facilement la partie émotionnelle de la mécanique de décision d’un VC.
À noter que sur Capitain Train a réalisé une super exit avec un montant estimé de plus de 200M€, et elle fait partie du top 14 des plus belles sorties pour une startup VC-backed en France : (Criteo $1,7Md, Kyriba $1,2Md, Talend $760M, Neolane $600M, Talentsoft $500M, Zenly $320M, Teads $320M, Peopledoc $300M, Drivy $267M, Compte Nickel €200M, Meilleur Agent €200M, Price Minister €200M, Capitain Train €200M, La Fourchette $140M)
Pourquoi Memo Bank est la pépite qui a le plus de potentiel ?
Car techniquement c’est hyper solide, c’est de la vraie tech, avec de grosses barrières à l’entrée et pas juste une belle interface connectée avec plein d’API issus d’autres logiciels.
Certes un parti pris technique tel que celui-là à pour conséquence une croissance plus lente, mais sur le long terme une solidité à rude épreuve.
Memo Bank a développé son propre core banking system. Pourquoi est-ce difficile ?
Car c’est extrêmement complexe et coûteux :
Un core banking system doit gérer une large gamme de produits et de services financiers (comptes courants, épargne, prêts, hypothèques, paiements, etc.). Cela nécessite une compréhension approfondie des produits bancaires, des réglementations, et des processus d'affaires.
Les systèmes bancaires doivent respecter des normes de sécurité et de conformité strictes pour protéger les données sensibles des clients et prévenir la fraude et le blanchiment d'argent. Cela inclut des normes telles que PCI DSS pour les paiements, GDPR pour la protection des données en Europe, et d'autres réglementations spécifiques à chaque pays ou région.
Le système doit s'intégrer avec une variété d'autres systèmes et services, tels que les réseaux de paiement, les systèmes de reporting, les services de vérification d'identité, et d'autres banques. Cela nécessite une architecture flexible et des interfaces de programmation d'applications (API) bien conçues.
Le système doit être capable de gérer de grands volumes de transactions et de clients tout en maintenant des temps de réponse rapides. Cela nécessite une conception soignée et une capacité de montée en charge.
Les services bancaires sont critiques et doivent être disponibles 24h/24, 7j/7. Le système doit donc être résilient face aux pannes et capable de récupérer rapidement après un incident sans perte de données.
Les besoins bancaires et les réglementations évoluant constamment, le système doit être facile à mettre à jour et à étendre.
Il faut dès le départ avoir des convictions solides et des insights puissantes
Au-delà de la difficulté technique et réglementaire, la compréhension du marché doit être impeccable et JD a compris de nombreuses choses que peu de personnes n’avaient compris.
En premier lieu pour créer un core system banking et les produits qui vont avec, il faut comprendre de nombreux métiers, pour bien les coordonner, donc être un vrai chef d’orchestre à l’écoute de tous. Comprendre et unifier les experts du marketing, de la régulation, du juridique et de la tech, ce n’est pas chose facile.
En parallèle, il faut comprendre comment fonctionne une banque qui sert les entreprises et découvrir que le conseiller est la personne clé pour faire tourner le système. Le core banking system doit être designé autour des besoins du conseiller bancaire, pour qu’il soit un vrai copilote. En tant normal un conseiller dans n’importe quelle banque doit mettre plus de 30 mins pour préparer un RDV, car il doit trouver sur plusieurs plateformes les données de son client. Ainsi un core system banking qui réconcilie toutes les données de plusieurs systèmes en un seul endroit, est un outil ultime pour le conseiller.
Lorsque l’on veut devenir un établissement qui gère les dépôts, les paiements et surtout les crédits, la culture de l’entreprise doit être dès le départ orientée pour manager le risque. C’est l’opposé d’une culture qui va chercher la croissance à tout prix.
Lorsque l’on a développé par le passé une solution d’achat de billets de train, où 15% des tickets vendus requièrent une relation client sur mesure, on développe alors des réflexes super utiles lorsque l’on veut adresser des PME et leurs besoins bancaires, qui ont toutes besoin d’une approche sur mesure. On peut alors avoir une ambition européenne sans faire l’erreur d’avoir une approche ultra localisée, métropole par métropole. Le fameux adage : “think global, act local”.
Il faut aussi avoir une vraie empathie avec le marché, pour parier sur un go-to-market qui n’adresse que les PME européennes, donc à première vue pas sexy, au regard des concurrents qui adressent les indépendants ou les nouvelles créations d’entreprises, donc un pool de clients plus important.
Finalement, faire l’opposé des autres nouvelles banques, en allant chercher dès le début une licence bancaire était un pari risqué, très éloigné des playbooks startup de la silicon valley, du genre “go fast and break things”.
Memo Bank est à contre-courant
Avec cette analyse on a un nouveau regard pour évaluer la puissance de Memo Bank, au regard d’autres acteurs que sont Qonto, Monzo aux UK ou Revolut, voire même les acteurs qui ont développé de nouveaux “core system banking as a service” tel que Mambu ou Finastra.
Lorsque l’on est VC on a plus d’appétence pour financer des players qui sont hyper ambitieux sur la partie acquisition client et donc un Qonto, un Monzo ou un Revolut.
De l’autre côté, Mambu et Finastra sont des no-brainer lorsque l’on pense que les infrastructures tech as a service sont les plays qui ont rapporté le plus dans l’histoire du VC.
Un Memo Bank qui veut faire les deux ne semble pas de prime abord super sexy.
Cependant les Qonto-like vont avoir des difficultés à développer leur core banking system, tout en gérant les milliers de clients qu’ils ont déjà acquis. Le niveau opérationnel de Qonto étant déjà tellement complexe, que cela semble impossible de se concentrer sur une tech qui va remettre en cause de nombreux paramètres sur la façon dont le business est opéré.
Les Mambu-like, qui sont là pour remplacer les core banking systems vieillissant auprès d’acteurs historiques ou permettre aux nouvelles banques de s’équiper, vont avoir des problèmes pour personnaliser leur service pour tous les cas particuliers que rencontre un conseiller bancaire, ce qui générera obligatoirement de la frustration pour le conseiller et donc le client final.
Memo Bank n’est pas que tech, ils ont beaucoup de service au sein de leur modèle. Est-ce que ça “scale” ?
Quand on regarde de plus près l’approche localisée, métropole par métropole, et en parallèle des conseillers bancaires augmenté grâce à la tech, on peut se demander si ce genre de business “scale” comme un projet pur logiciel ?
Apparemment oui, si on regarde du côté de la startup Deel, qui au final fait penser à Memo Bank avec son approche ultra localisée, avec des équipes d’experts dédiées dans chaque pays. Si ça marche pour Deel, pourquoi pas pour Memo Bank ou d’autres startups ?
Est-ce que Memo Bank et Deel ne font pas partie de cette nouvelle tendance où l’humain a de nouveau sa place dans des projets hyper ambitieux qui peuvent devenir rapidement de fabuleux home-run pour les VCs ?
Les “low hanging fruits” du logiciel ont été ramassés, maintenant place aux boîtes de services augmentées 💪.
J’espère vous avoir convaincu de regarder Memo Bank sous un autre angle.
Voici les liens vers les interviews qui m’ont inspiré cette analyse :
Finscale (Solenne Niedercorn-Desouches) : #38 - Jean-Daniel Guyot (Memo Bank) - Réconcilier services bancaires et "customer care", le défi de Memo Bank
Tech 45’ (Sébastien Couasnon) : #113 – Exploser dans la réservation de billets de train puis attaquer le secteur bancaire - Jean-Daniel Guyot (Memo Bank / Captain Train)
Si vous avez des commentaires à apporter, je suis à votre écoute, cela pourra nourrir d’autres analyses.
N’hésitez donc pas à nous contacter pour notre expertise VC, nous sommes là pour vous aider :
julien@mightynine.co ou sur Linkedin
Et la prochaine, un mix des deux: du bancaire B2C ? :)