Momentum = 2U + V, French landscape, AI landscape, Discord, Postmates, Lemonade...#3
Ce qui a passionné les VCs ces derniers jours
Alexis Ménard - Go Capital - Equity101 🎙️
Alexis m’a partagé cette semaine une vidéo avec Romain Lavault de chez Partech : “How do VCs support their startups from seed to Series A”. Il est tombé dessus lors de ses recherches pour le podcast Equity 101 🎙️ (le meilleur podcast en France sur l’industrie VC et l’equity 💪)
Cette vidéo est un must-watch, pour tout entrepreneur désirant entrer dans le VC-game, car Romain nous présente son framework d’analyse, et surtout un point clé, que peu de VCs ont encore été capable de présenter clairement : Le Momentum d'investissement.
Tout d'abord dans cette vidéo on découvre Romain Lavault, qui est partner chez Partech, qui a un parcours entrepreneurial dans l'aérospatiale. À noté qu'il fait partie de la redoutable équipe qui investi en seed & series A, composé de Boris Golden (l'ultimate sparring-partner pour les entrepreneurs) et Lucas Liabeuf.
Au début de la vidéo (7:50) comprend parfaitement l'analyse qu'un VC fait lorsqu'il rencontre une startup. Cette analyse est commune avec tous les VCs :
Une équipe exceptionnelle ("scaling themselves to the next step")
Une vision, un insight unique et une histoire convaincante ("people are buying a story")
Le bon timing marché & technologique ("the best startup are taking only 1% market share")
Le fameux momentum (voir ci-dessous👇)
Momentum = 2U + V 🚀
Il faut tout d'abord prendre en compte qu'un VC cherche une big exit (j'en parle dans cette vidéo 🎥).
Or seulement 40% des startups ayant passé l'étape du seed arrivent à la series A, puis 23% la series B, pour au final en avoir 1% qui arrivent à la series E, sachant qu'une grosse exit a plus de $1Md se fait en général après la series D ou E.
Donc avoir la capacité à enchainer les tours est primordial pour un VC. Cette corrélation entre le nombre de tours et valeur de l'exit est très forte.
Cependant ce qui est contre-intuitif est la la notion du temps entre les différents tours d'investissements et la taille de l'exit, car le temps joue en la défaveur d'une grosse exit. C'est à dire, plus on prend de temps entre chaque tour, plus la chance de faire une grosse exit diminue. Et ce point est capital : "Time is your enemy, time takes cash outside your company...if you're not fundraising after 12 months, your not going to become a big company". La solution est de créer un momentum, c'est à dire comment prouver qu'en 12 mois votre startup mérite un nouveau tour d'investissement.
Les caractéristiques du momentum :
Pas de bridge, ça envoie un mauvais message, vous n'avez pas trouvé la sauce secret (à moins que ce bridge construit quelque chose de clé, comme signer un gros contrat)
Penser à l'accélération d'une fusée qui utilise l'attraction d'une planète pour aller plus vite = 2U + V 🚀
Entourez vous des meilleurs alliés, comme des top talents dans votre équipe et aussi des top-tiers VCs (passer très vite d'un top club français, à un club en NBA 🏀)
Signer des clients à la vitesse de la lumière 🚄
Accumuler des faits d'armes d'envergure
Aller très vite à l'international et avoir des résultats marquants très vite sur ce territoire
Alexandre Dewez - Idinvest
Si vous voulez un article qui résume l'écosystème startup français et son financement, n'allez pas plus loin, c'est l'article qu'il faut lire 🤫
Dans cet article on prend bien en compte que le marché français est en plein boom, avec de futurs champions, dont en particulier 15 startups qui ont une trajectoire digne des meilleurs startups américaines. On va peut-être ratrapper notre retard par rapport aux UK 🇬🇧 en terme de licornes (les froggies en force 🐸)
Clairement les VCs n'investissent que dans le "logiciel", que ce soit SaaS ou marketplace, avec 83% des deals. Ce genre de startups à le meilleur effet de scale, et c'est devenu une évidence en terme d'investissement VC. Les sorties sont aussi plus évidentes. Cela reste des projets risqués en terme de dominance de marché, donc montant de l’exit, mais on peut considérer que ce sont des safe-bets. Cependant il y a encore tellement à faire pour "digitaliser" notre économie et nos vies, que ce secteur a encore de très beaux jours devant lui. Alors oui les railleurs vont dire que les VCs ne prennent pas de risque, et que leur investissement ne règle pas les problèmes essentiels (petite pensé à a16z). Le débat est ouvert, une année 2021 où les spécialistes de l'innovation vont s'en donner à coeur joie (et ils ont pas tord).
Comme on l'a vue dans ma newsletter précédente, les second-time-entrepreneurs dominent le marché et les investissements des VCs. Ils arrivent sur le marché avec plus d'ambition, de savoir-faire et connaissance parfaitement leur les VCs.
On remarque aussi un pattern en terme de fundraising, dont le timing entre chaque round qui est en moyenne de 18 mois. Ce qui fait écho avec le momentum de Romain Lavault (voir plus haut☝️).
Comme discuté dans la dernière newsletter, avec le le twitter tread de Christophe Raynaud, la question de la performance des fonds commence à s’afficher, avec cette semaine le post de Jean de La Rochebrochard sur la performance de Kima.
Quelques nuances :
Les VCs investissement principalement dans les SaaS. Or le financement SaaS peut se faire en dehors du monde des VCs, avec des outils de dette super-inventif et potentiellement innovant, si le modèle ce généralise. Dans la dernière newsletter, je mettais en avant la startup américaine Pipe 🇺🇸, mais on peut aussi parler de Uncapped 🇬🇧 aux UK, qui sont en train de développer ces nouveaux outils de financement. Là où le crowfunding a montré ses limites, ces nouveaux modèles peuvent devenir de vrai game-changer. Sur ce sujet je vous recommande le super article d'Alex Danco : "Debt is coming"
Cette analyse présente une situation pré-COVID, donc il va falloir ne pas trop s'attendre à ce que l'analyse d'Alexandre Dewez soit la même l'année prochaine. Hâte de lire ça l'année prochaine (challenge accepted Alexandre ? )
Pour finir on peut remarquer qu'on ne parle pas d'IA (et toujours pas de VR ou de blockchain). D'ailleurs je rebondi sur ce sujet suite à une série d'articles proposés par Mark Turck, voir ci-dessous👇
Matt Turck - FirstMark Capital
Dans ces deux derniers articles, Matt Turck complète bien le landscape d'Alexandre Dewez (☝️), avec un regard global sur les startups centrées sur la data et AI :
A Turbulent Year: The 2019 Data & AI Landscape
Part II: Major Trends in the 2019 Data & AI Landscape
L'AI est super trendy, et en seulement deux articles, super bien synthétisés, on peut se faire un bonne idée de l'évolution de cette pratiques, des tendances de fonds et aussi de la complexité technologique que cela implique. N'allez pas plus loin, cet article résume tout.
On remarque d'ailleurs que pour l'instant l'AI reste une question d'outil pour les faiseurs d'AI (ou d'automatisation intelligente) et d'infrastructure, et que l'on est encore loin de voir des produits bien packagés pour les end-users. C'est une évidence que ces produits seront tout d'abord ultras verticalisés, sur un cas d'usage bien identifié, comme essaye de le faire en France JulieDesk, Heuritech, Hubw.are, Synapse Medicine, Shift Technology, ......
Comme on la remarqué dans l'article d'Alexandre Dewez, "software is still eating the world, and it's just the beggining", et les VCs ont assez de boulot pour trouver leur champion dans cette sphère là qu’est le logiciel. Mais dans les prochaines années, il est évident que le rapport d'Alexandre sera envahie de startups AI-first : "data is coming" et "the 'datafication' of everything continues to accelerate".
Les take-aways de ces deux articles :
L'ère du "big-data" est derrière nous.
La société a peur de l'AI et de la mauvaise utilisation des datas (Cambridge Analityca). On est face au paradoxe de la propriété des datas et de la laissé librement alimenter les modèles de ML.
Les produits AI-first pour le end-user, arriveront quand la SaaSification de nos usages sera déployé de partout, dans nos vies et l'économie. C'est la convergence des nouvelles infrastructures, du cloud, et de l'open-source, avec les plateformes software end-user déjà existante, qui permettra l'émergence tant attendu de produit AI-first
La notion de "self-healing" dans les process automatisé, mais on n'en ai encore loin, le RPA reste tout de même basic, quoiqu'un gros marché.
Les sociétés RPA ont également vu des tours massifs : UiPath 🇪🇺🇺🇸 (800 millions de dollars sur 2 tours en 2018 et 2019) et Automation Anywhere 🇮🇳🇬🇧🇺🇸 (550 millions de dollars sur 2 tours en 2018). Bon le RPA est-ce vraiment de l'automatisation intelligent ?
Parmi les plus belle IPO dans le secteur, on a Elastic 🇪🇺🇺🇸, un Européen parti bien sûr à SF.
On remarque qu'une entreprise français se trouve dans la liste des tops acquéreurs d'entreprise AI/data, avec Dassault Systemes, qui a racheté Medidata pour $5.8Md 🤑 (après on dit que les corporates français n'achètent pas cher d’autres entreprises 😊)
Les investissements VCs qui ont marqué ces derniers jours :
Scalefast 🇫🇷 🇺🇸 , une plateforme pour les e-commerçants, qui aider les vendeurs à mieux comprendre et fidéliser leurs clients, basée à Los Angeles, a levé 22 millions de dollars en séries B, auprès de FJLabs, Xplorer Capital, Stereo Capital, Benhamou Global Ventures, Crédit Mutuel Equity et Adara Ventures. À noté que les 3 fondateurs sont français et travaillent ensemble depuis 20 ans. Ils ont déjà construit 4 entreprises ensemble, dont Scalefast. Une histoire qui montre leur connection forte, leur persévérance et leur monté en puissance : Frederic Bocquet (CTO basé en espagne), Nicolas Stehle (USA), Olivier Schott (USA).
Discord 🇺🇸, l’application de chat pour les gamers et les teenagers, basée à San Francisco, a levé 100 millions de dollars leadé par Index Ventures, à une valorisation de 3,5 milliards de dollars. Non seulement 100 millions de dollars représentent beaucoup d'argent, mais cela aidera l'entreprise à ajouter de nouvelles fonctionnalités et à accélérer ses efforts non liés au jeu (les teenagers). Le monde du B2C cherche sa nouvelle plateforme de distribution, Discord est peut-être en train de la créer 💪
Les dernières sorties (EXIT) 💵
Uber 🇺🇸 a accepté d'acheter son partenaire de livraison de nourriture Postmates, pour 2,65 milliards de dollars en stock. Uber investira également une somme d'argent non divulguée dans Postmates. Uber se replie sur Postmates, après avoir échoué le mois dernier à acquérir Grubhub. Postmates avait collecté plus de 900 millions de dollars auprès d'investisseurs comme Founders Fund, Spark Capital, Uncork Capital et Tiger Global Management. Cela comprend une perfusion de 225 millions de dollars l'automne dernier à une évaluation post-monnaie de 2,4 milliards de dollars. Donc le ‘liquid pref’ vont faire mal aux early investisseurs.
Lemonade , a finalement levé 319 millions de dollars pour son introduction en bourse 🎉. La société a évalué 11 millions d'actions à 29 $ (au-dessus de la fourchette révisée à la hausse), pour une capitalisation boursière initiale de 1,59 milliard de dollars. Il sera coté au NYSE et elle avait levé auparavant environ 480 millions de dollars auprès de SoftBank (27,3% avant l'introduction en bourse), Sequoia Capital Israel (10,3%), Aleph (10,3%), General Catalyst (7,3%), XL Innovate (5,2%) et Thrive Capital.